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15 août 2011

Paris.

Paris, dans son ensemble, est une grande illusion. Ce que nous livre un film comme "Midnight in Paris" (Woody Allen). C'est vrai qu'il y a matière à faire de la comédie romantique, et meme de la comédie tout court. En revanche un drame ne sonnerait pas juste. "Dans Paris" de Christophe Honoré n'explore en rien le blues parisien ou le manque cruel d'humanité qui existe dans cette ville. Tout n'est que mensonge, que pretexte, et n'est qu'image. C'est pour cela que cette ville a été ma destination. Tous ces facteurs sont bons pour qui gamberge trop si le temps le permet. Tout ça est thérapeutique, pour qui désire ne plus s'entendre penser. Alors j'ai commencé, pour m'adapter, à arreter complètement de réfléchir. Je me suis ressaisit quand je me suis trouvé sur le point d'épouser mon petit copain le moins futé que j'aie pu trouver, pour qu'il obtienne des papiers après m'être fait avorter le jour de mon anniversaire de 19 ans.

Non ça n'a pas été dur, non. Ni de me retrouver dans une situation pareille, ni d'en sortir et de rebondir. Pourquoi commencerait-on par penser : "La pauvre... " ?

Ce n'est jamais dur. Sauf ce qui fait mal vraiment sur le moment. Je veux dire, une humiliation continue par un ami qui dure cinq ans, ça c'est dur. Surtout quand on est enfant et qu'on se cherche, et qu'on ne sent même pas le subterfuge, on s'en doute seulement. Et bam, on se retrouve à faire des choses au nom de l'amitié qui n'ont rien de normal. Ce qui est dur aussi, ce sont les tentatives avortées de déclaration d'amour. Les passions inexplicables qui naissent, enfant, et qui grandissent comme pour devenir l'ultime fantasme, depuis la lettre d'amour qu'on oserait jamais signer jusqu'aux sanglots enfouis dans l'oreiller, le soir. Voila.

Par exemple, ça n'est pas dur non plus d'avoir un père alcoolique. Je ne l'ai jamais mal vécu, nous avions des discussions passionantes et délirantes lorsqu'il rentrait tard le soir ; nous philosophions tranquilles, moi, du haut de mes cinq ans, lui depuis son degré huit. Disons que j'ai toujours compris que c'était comme ça, et pour moi, c'était depuis toujours une affaire strictement personnelle entre lui-et-même.

Dur en revanche : habiter avec une colocataire de mère, compréhensive, condescendante, mais qui essaye pourtant de bien faire son rôle aux moments les plus mal choisis. Dur par exemple, de me rappeler l'avoir vue s'assoir parterre en attendant que l'amie avec qui j'étais dans ma chambre sorte et aille dormir dans le salon afin que nous arretions de parler puisqu'il y avait cours le lendemain. Dit comme ça ce n'est rien. Mais c'est un silence et une immobilité butées dans sa posture recroquevillée qui m'a, ce jour là, fait tellement de mal que jamais je ne me suis sentie plus en colère, plus violente et plus dangeureuse. Je ne l'ai pas frappée, mais je suis sûre de l'avoir poussée violemment. Et ces colères là ont été très fréquentes entre mes 13 et mes 18 ans.Et ces excès de violence intérieure qui m'ont faite hurler de rage effrayaient mon petit frère.

Voilà. Ce n'est pas dur non plus de vivre à deux dans un neuf mètres carrés. L'humain s'adapte ; il rit.

Ce qui est dur, c'est dire non à une personne qui voudrait entendre oui. C'est aussi de dire oui à quelqu'un qui ne veut rien entendre. Bref, quand c'est dur, c'est qu'il y a incomprehension.

En arrivant à Paris, j'étais pleine d'énergie, pleine de bonnes intentions et pleine de bonheur. C'était le mois de juillet, tout le monde se comprenait. Et au bout d'un an, je me trouve pleine d'énergie, pleine de bonne intentions et pleine de bonheur ; au mois d'aout.

Oh ça oui, j'ai passé une année de merde. Une année à tirer à la chasse d'eau dans un jet bruyant et degueulasse. Disons qu'elle était inutile, comme un brouillon qu'on commence et puis qu'on jette, peu convaincu. Voilà . J'ai essayé, non, pas ça.

Le principal défaut de paris, c'est que le temps passe trop vite, et qu'en même temps, tout s'en va à deux cent à l'heure, et tout peut arriver sans avoir pu crier "je t'aime" dans toute son existence. Il faut être prévenu. Je suis contente d'avoir rencontré ça jeune, j'ai eu l'impression de détenir un immense secret, que seuls les gens qui habitent à paris depuis de longues années  peuvent connaître. Pour l'étranger, personne ne se connait ; les lumières ont quelque chose de fascinant, et de mystérieux. Les restaurants sont sous la gouverne de jeunes serveurs charmants - ou de vieux pigouins bougons ; il y aura partout de sympatiques sri lankais qui vous proposeront des roses à tout bout de champs et l'itinéraire touristique sera tout tracé. Je n'ai meme pas besoin de vous l'évoquer.

Il faut que je vous dise : La premiere destination du monde n'est pas celle que vous croyiez.

 

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